Voyage en solo au Svalbard [29.02.24 : Motoneige et chasse aux aurores boréales]
Quoi de mieux que de commencer le jour supplémentaire de cette année bissextile par un réveil tardif ? C’est à 9H30 que le réveil sonne ce matin et je me réveillerai même un peu avant.
C’est ma dernière journée complète au Svalbard alors je compte bien en profiter comme il se doit. La visibilité dehors est comme hier matin, très réduite, avec du blanc de haut en bas.
Dans le hall de l’hôtel, je retrouve John, mon comparse Anglais avec qui j’avais partagé l’excursion en chiens de traineau hier. Il m’avait dit qu’il avait choisi la même excursion que moi en motoneige et que nous allions donc nous retrouver aujourd’hui à nouveau. Nous discutons un court moment et le mini van de Hurtigruten se gare juste devant l’hôtel où Charlotte nous accueille.
Elle est Allemande et va être notre guide pour aujourd’hui. Nous serons un petit groupe de 5 personnes (dont 4 conducteurs). Avant de démarrer, elle s’assure que nous ayons tous nos permis de conduire sur nous.
Nous sommes conduits au QG de Hurtigruten, à deux pas de là, puisqu’il s’agit de la rue de derrière, au final, on aurait pu y aller à pied !
Charlotte nous explique les règles et la conduite à tenir pour assurer notre sécurité. Nous devons rester en ligne et tenir une distance entre nous, rester sur la même trace, ne pas se dépasser, suivre ses indications pour nous arrêter les uns à côté des autres, et surtout ne pas approcher les animaux que nous croiserons.
Nous allons nous rendre dans la Advent Valley, juste à l’extérieur de Longyearbyen. Nous ne devrions pas croiser d’ours polaires mais si toutefois cela était le cas, Charlotte sera bien entendu armée et nous devrons écouter ses instructions. Nous risquons en revanche de croiser des rennes et il nous faudra également rester à distance afin de ne pas les perturber.
Nous avons ensuite le droit à quelques explications sur le fonctionnement du motoneige, en soit rien de très compliqué, l’accélérateur est à droite, le frein à gauche. Les poignets sont chauffants, ce qui va être très pratique pour affronter ce dur climat. Pour le reste, ça viendra tout seul, les motoneiges sont tous électriques, ils seront donc très silencieux, ce qui est un vrai plus.
Après signature d’une décharge et vérification de nos permis de conduire, il est maintenant l’heure de s’habiller.
Une combinaison, une balaclava, un casque et une paire de chaussures sont fournis. Pour ma part, je décline juste la paire de chaussure car je suis très bien avec les miennes.
A notre sortie du bâtiment, je constate que la neige s’est remise à tomber. Nous allons faire toute la sortie avec la neige et le vent, c’est dommage. Je pense que ça doit être plus agréable sous un beau ciel dégagé mais bon on n’est jamais maitre des éléments et encore moins ici dans l’Arctique.
Je confie à Charlotte mon expérience un peu difficile en Finlande à tenter de naviguer dans les forêts de sapins et elle me dit de ne pas m’inquiéter, ici ça sera beaucoup plus simple. Elle me conseille de prendre le motoneige qui sera juste derrière elle, afin de rester dans sa trace à elle.
Tout le monde est prêts, nous voilà partis ! Le chemin jusqu’à la sortie de la ville est parfaitement plat et vraiment très simple. Effectivement, le motoneige reste dans la trace de la personne qui nous précède, sans aucune action de notre part que de maintenir l’accélérateur.
La prise en main est finalement plutôt rapide, je m’habitue bien à la sensation et je trouve ça vraiment beaucoup plus facile qu’en Finlande. Quand ils disaient que cette excursion était accessibles à tous, c’est bel et bien vrai !
Au bout de quelques minutes, nous faisons un premier stop afin de savoir si tout le monde se sent bien, les feux sont au vert, nous pouvons continuer. Nous traversons donc le pont qui mène de l’autre côté de Longyearbyen en direction de Adventdalen.
Les paysages sont lunaires, nous sommes au beau milieu de la vallée, uniquement accessible en motoneige ou en chien de traineau.
Nous nous arrêtons un peu plus loin, face à la mine 6, pour observer deux rennes à bonne distance. Ils tentent de trouver de la nourriture en plantant leur tête dans la neige. Charlotte nous raconte un peu les spécificités des rennes ici au Svalbard, mais j’avais déjà eu l’occasion d’entendre cette histoire.
Nous avons largement le temps de faire quelques photos des environs avant de remonter sur nos montures.
Une fois la confiance prise, je monte facilement à 40km/h sans sourciller, je suis contente de profiter de la balade au lieu de la subir comme j’avais eu à le faire en Finlande.
Le lieu est très plat même si parfois il y a quelques bosses, elles sont toutefois faciles à anticiper en regardant la personne devant soi. Inutile d’être très concentrée sur les traces, le motoneige les suit parfaitement tout seul, et au pire si on dévie un peu, il n’y a aucun risque car il n’y a strictement rien contre quoi se crasher ici.
Nous poursuivons notre route dans la vallée et nous nous arrêtons ensuite pour admirer une grosse bulle de glace. Très glissante, elle est aussi parfaitement transparente et d’un bleu pur. Je réalise que c’est ici que nous nous étions arrêtés l’autre soir lors de la chasse aux aurores, mais de nuit c’était un peu plus délicat de se rendre compte de la beauté de l’endroit.
Il est à présent l’heure de faire la deuxième partie de notre boucle, en direction de Longyeabyen afin de retourner à notre point de départ.
Je n’ai pas du tout eu froid durant la balade, excepté lorsque le vent soufflait de côté, j’avais alors l’impression qu’il me lacérait les joues.
Il est 12H30 lorsque nous faisons notre dernière pause avant le retour. Malgré la neige et le vent, Charlotte nous installe un petit coin où savourer un bon black currant et quelques cookies.
Nous nous trouvons sur le site de l’ancien aéroport où git encore la vieille carcasse d’un avion Allemand qui s’est écrasé ici durant la seconde guerre mondiale.
Autour de nous, tout est blanc, je n’ai aucune idée d’où nous sommes, heureusement que nous pouvons compter sur notre guide !
Le chemin du retour sera tout aussi facile et nous rejoindrons le camp de base sur les coups de 13H15. La balade comptabilise au total 30km, ce qui est la plus petite balade proposée mais je n’aurai pas eu de problème à poursuivre plus longtemps sur une plus grande distance. A voir pour une prochaine fois !
Une fois libérés de notre équipement, Charlotte prend le temps de nous expliquer le chemin emprunté au cœur de Adventdalen. Elle nous détaille aussi les différents itinéraires qu’il est possible de faire en motoneige l’hiver et en bateau l’été. Durant la période estivale il est possible de se rendre à 80°N durant une croisière de deux jours destinée à observer la faune.
Il est 13H45 lorsque nous arrivons devant le Radisson. Je profite d’être devant le restaurant pour aller me commander de quoi déjeuner.
Dehors, la neige se cesse de tomber frénétiquement. Je profite de ce temps libre pour effectuer mon check-in pour mon vol de demain. Une borne se trouve dans le hall de l’hôtel et permet de récupérer son boarding pass et son étiquette bagage pour tous les vols partant dans les prochaines 24h, c’est très pratique. L’heure de la navette aéroport est également affichée dans l’entrée, cette dernière passera à 11H pour un départ à 13H10, on peut dire qu’on ne va pas être en retard !
Alors que je rangeais un peu mes affaires, l’électricité se coupe brutalement dans ma chambre. Sur le coup, je ne comprends pas et appelle donc la réception qui me confirme que c’est un problème général et que ça concerne même la ville toute entière. Finalement le problème sera résolu en moins de 15 minutes, ce n’était donc pas si grave.
Je sors finalement en direction du fameux Huskies Café peu avant 16H, il est situé juste à côté de l’hôtel donc je n’ai pas loin à aller. Il fait vraiment froid, il neige toujours autant et le vent n’aide pas trop non plus, un temps idéal pour aller se poser dans un café cosy. En arrivant devant je vois qu’il a vraiment beaucoup de monde, le café est tout petit et j’aperçois un husky allongé dans un coin, seul attrait de ce café. Je préfère finalement passer mon tour. La boutique d’à côté vend des cafés, des thés glacés et même des bubble tea, j’aurai presque pu me laisser tenter s’il ne faisait pas si froid.
Finalement je décide de rebrousser chemin, la balade n’est pas très agréable avec ce temps.
Je passerai la fin de journée à finir mes valises. La journée passe vite une fois qu’il fait nuit, on se croit déjà en soirée.
A 18H30 alors que je suis en train de regarder la télé et de me préparer une soirée tranquille, je passe un coup d’œil derrière le rideau, et je constate que les nuages bougent rapidement. Je consulte Windy, et effectivement, comparé à cet après-midi où le ciel était complètement bouché, les choses vont évoluer positivement ce soir. L’activité aurorale ce soir semble également prometteuse. Que faire ?
Je décide sur un coup de tête de réserver une chasse en snowcat avec Hurtigruten, comme lundi soir. Il reste plein de places, il faut croire que les chutes de neige d’aujourd’hui n’ont pas trop motivés les gens à sortir ce soir.
Je me prépare en vitesse (en ressortant tout de ma valise bien évidemment !), et je mange rapidement.
Peu avant 20H, je me retrouve à nouveau dans le lobby de l’hôtel à attendre le snowcat. Je recroise Charlotte, ma guide de ce matin au motoneige, qui était de passage à la réception de mon hôtel. Elle en profitera pour me saluer et me demander ce que j’attends. Devant ma réponse, elle me confiera que les conditions sont prometteuses ce soir. C’est bon signe !
Notre guide cette fois est un jeune homme seul, il nous accueille dans le snowcat, nous ne serons que 8 pour 16 places dans la petite caravane, nous serons donc à l’aise ce soir.
Comme Lundi, un premier stop sera effectué au niveau du signe de sortie de la ville. Tout comme l’autre fois, nous avons le droit à un discours sur la nécessité d’avoir un guide armé à partir de cette limite.
Ce stop sera de courte durée, nous sommes trop près de la ville pour voir correctement le ciel, mais nous pouvons déjà voir qu’il y a quelques étoiles visibles, ce qui est bon signe.
Nous reprenons la route et nous arrêtons 15 minutes après. Notre guide nous indique qu’il y a des rennes non loin. Bon, ça fait un peu répétition pour moi, mais c’est toujours cool de les voir vivre leur vie.
Nous laissons le snowcat et nous nous approchons un peu, tout en restant à distances de ces animaux sauvages. Contrairement aux rennes présents sur le continent, ceux du Svalbard n’appartiennent à personne.
Alors que nous sommes plusieurs à installer nos trépieds pour commencer à faire quelques photos du ciel dans différentes directions, un Italien nous criera qu’il détecte un semblant d’aurore sur son appareil.
Nous le rejoignons alors et constatons effectivement quelques traces vertes au loin, derrière une montagne.
Le guide fait quelques photos avec son téléphone, en vain. Il n’est pas du tout équipé pour détecter les aurores boréales et sans nous, passagers équipés d’appareils, nous aurions sûrement ratés cette petite aurore.
Il se propose tout de même d’aller éteindre la lumière du snowcat car elle est assez gênante pour les prises de vue. Seul problème, même si le snowcat n’est situé qu’à 10m, il n’est pas possible pour nous de rester seuls, nous devons donc tous faire l’aller retour avant de pouvoir continuer nos photos.
L’aurore est très discrète, visible à l’œil nu mais vraiment très faible pour l’instant. La montagne gênant, nous décidons de lever les voiles.
Moi qui pensais que nous allions contourner la montagne pour trouver un meilleur spot, on m’indique en fait que nous allons revenir un peu vers la ville (quoi ? mais pourquoi ?).
Notre dernier stop se fera près de la même petite cabane que lundi, les endroits sont donc programmés à l’avance et non pas en fonction des conditions météos ou du positionnement de l’aurore. C’est là où on voit la différence entre une vraie chasse et ce genre d’excursion qu’on peut trouver au Svalbard. Je le savais, mais c’est toujours frustrant, surtout quand il y a de l’activité comme là.
Nous sommes conviés à l’intérieur de la cabane pour partager une boisson chaude autour du feu de camp, mais nous sommes plusieurs à préférer faire des photos dehors.
L’activité revient un peu plus forte, une bande verte et une bande rougeâtre apparaissent dans le ciel au dessus de la mine. Malheureusement la lumière de la mine est un peu gênante et nous avons la ville en arrière plan qui génère un peu trop de luminosité également. Malgré cela, je peux tout de même dire que j’ai vu des aurores boréales au Svalbard, ce qui n’était pas gagné !
Le guide viendra nous servir du back currant pour nous réchauffer, mais au final, seul un groupe d’américains venus sans appareils photos, ira passer du temps dans la cabane. Pour ma part je me concentre sur quelques prises de vues.
Je réquisitionnerai quelqu’un pour m’éclairer pendant quelques secondes afin d’immortaliser un souvenir avec moi dessus. On peut dire qu’après toutes ces chasses, j’ai compris comment faire pour me débrouiller (presque) toute seule, c’est chouette !
A 22H30, on nous fait signe qu’il est l’heure de plier. C’est dommage de ne pas pouvoir profiter plus longtemps de l’activité qui débute à peine. J’aurai aimé trouver un organisme de vrais chasseurs au Svalbard mais cela n’existe malheureusement pas alors il faut faire avec ce qu’on a.
Nous serons déposés devant le Radisson une quinzaine de minutes après.
Me revoilà donc à refaire mes affaires pour la deuxième fois de la journée, mais je ne regrette en rien d’avoir écouté mon instinct ce soir.
Il est temps de passer ma dernière nuit ici. Demain, je quitte ces paysages enchanteurs et regagne le continent.